MARVEL résurrection, le RPG
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 The First Day of the Rest of your Days. (ouvert aux clients)

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AuteurMessage
Sadie Kinsinger
Mutant 919
Sadie Kinsinger


Date d'inscription : 12/09/2011
Messages : 13

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MessageSujet: The First Day of the Rest of your Days. (ouvert aux clients)   The First Day of the Rest of your Days. (ouvert aux clients) EmptyMer 23 Nov - 22:05


Ca ne changera pas le monde car le monde ne change pas.

C’est tout ce qui me vient en tête alors que je regarde les lueurs mourantes d’un soleil embrasant l’horizon de cendre au-delà des terres qu’aucune vie n’inquiète plus. Ce spectacle mirifique pourrait émouvoir jusqu’au dernier des rochers affleurant la poussière sous nos pas, ces teintes au dessus du ciel atomique prennent des nuances inédites et douloureuses que pas mal d’artistes rêvent de coucher sur papier ou d’étaler sur une toile. Seulement voilà, la triste réalité reste qu’ils ne viennent pas ici. Ce spectacle s’offre donc à qui veut s’y attarder mais rare sont ceux dans ce secteur qu’il pourrait ravir. On en rêve en photo ou sur pellicule mais on n’y viendrait pas s’y risquer. C’est dangereux pour ceux qui le pense..seulement pour ceux là.
C’est du moins ce qui se dit là bas dans les Grandes Cités dont les noms finissent à teinter comme des légendes que le vent colporte d’oreilles avide en cœurs assoiffés.

Non, personne ne vient pour s’émouvoir, ça je peux vous l’assurer.

Au-delà de la lisière marquée par des débris métalliques, c’est pire. Rien ne viendra s’inquiéter d’une quelconque beauté ou laideur. C’est un concept qui n’existe pas car il n’y pousse que l’amertume. On lui donne un nom qui n’en est pas un : la zone des terres dévastées. C’est un héritage difforme et hurlant épitaphe de ce que l’on peut faire de mieux, nous autres, les infâmes parasites de cette planète. C’est mon domaine, c’est étrangement en ces lieux que je me sens le moins seul au monde et sans doute la plus intègre et complète.

Ici, tout n’est que tromperie, négoce et illusion. Les ambitions s’envolent et l’on s’aperçoit si vite chuté qu’on se croyait monter. Le faible a les illusions d’un Roi, le Roi nage dans la traitrise, lui qui n’a pas de sujets qui ne veuillent se prostituer au premier régicide venu. Il est d’usage de cacher l’arme dans la main droite tendit qu’on signe de la gauche l’engagement de fidélité. Il faut même se méfier de son ombre au cas ou cette dernière flairerait un deal aguichant.

Ca grouille et s’en est dégueulasse.
La vie des taudis, la vie des espoirs brisés ne vaut certes pas le silence apaisant des déserts atomiques. C’est là bas que je me révèle au jour, c’est ce que disais Ben et Ben avait souvent raison.

C’est à tout cela que je pense, notre vie vaine rongée d’espoirs mort-nés et nos illusions de grandeur stérile. La rage d’un ciel couchant sanglant qui brandit une colère figée et sourde dans l’horizon des mondes n’y changera rien. La bise caresse mon visage alors que depuis les hauteurs du réservoir, à quelques trente mètres du sol, je noie mon regard dans ce spectacle saisissant.

Je reviens rarement dans le village d’Artos, moins de 10 fois par an mais je ne manque jamais ce jour ci. C’est l’un des seuls rendez-vous qui signifie encore quelque chose à mes yeux. C’est un geste insensé dans un monde dont la lucidité s’est éteinte.
Et c’est là, depuis cette hauteur à la mort d’un jour si spécifique que je sacrifie à ce rituel.

D’un geste lent ma main saisie la lame de mon couteau avant d’en saisir fermement le poignet. De l’autre, j’ôte la capuche de ma large pèlerine me mangeant le visage et dégage d’un mouvement de tête ma chevelure.
Je saisi alors cette tresse qui prend naissance derrière mon oreille droite et que durant une année entière, j’ai soigné pour ce jour précis. La lame court et aucune résistance n’est offerte à cet étrange fantaisie. Une fois mon arme rengainée, je garde au creux de ma main les cheveux une petite minute tout en me perdant dans une prière que moi seul connait.

C’est pour toi que j’offre ce souvenir, mon père qui n’est plus là. C’est pour cela que durant un an je me force à garder les yeux ouvert et c’est pour toi que je me dois de venir au rendez-vous d’Artos car à quelques lieux d’ici, à l’Ouest ce trouve une tombe qui n’appartient à personne d’autre que les terres maudites. Ton pays c’est l’horizon où je vais noyer mes larmes acides. Ta chaleur, c’est la terre stérile qui me porte en ce monde, ton amour, c’est mon imbécile espoir.
Alors laisse-moi caresser ton visage puisqu’il est dans les cieux et que le vent me ramène ton souffle.
J’ouvre la main et je contemple durant cet instant d’éternité, une faible bourrasque disperser dans le soir, mon offrande si personnelle. Je sais que ces cheveux le trouveront parce que c’est ainsi depuis des années.
Ben Kinsinger, tu n’as pas à rougir de ta fille car elle garde ton nom en la mémoire des hommes.

Je ne pleure que ce soir là.

Toujours.

Mais la pudeur m’empêche d’en dire d’avantage et bientôt le monde me happe à nouveau car même la nostalgie se doit d’avoir son temps. L’heure est aux affaires, les affaires de la Cité. Ceux qui me connaissent savent que durant cette nuit, je tiens permanence dans l’un des pires bouges de cet amas de taudis. C’est exactement là que je siège et ma légende suffit à écarter les opportuns et ne m’attirer que quelques regards obliques.

On sait qui je suis, on sait que Shade ne reçoit que pour le business.
Et tendit qu’à présent parmi le brouhaha de cris obscènes de quelques soiffards désœuvrés et malandrins hasardeux, sous la farandole grotesque d’un peuple pressé de vivre leur jeunesse déjà vieille de malheurs, je trône à l’écart d’une table solitaire où j’ai ma place. Une bouteille de mauvais alcool m’accompagne pour tromper mon immobilisme. Parfois, je tiens ma correspondance en me coupant mentalement du vacarme ambiant, parfois j’observe ce monde avec une froideur inquiétante. Certains habitués me saluent d’un hochement de tête en signe de respect car après tout « je suis celle qui va où on ne peut aller », je suis « une morte parmi les vivants ».
Je n’ai pas d’amis, l’amitié est un poids encombrant et rarement solvable.

Je n’ai pas d’amis, je n’ai que des clients.

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