Silence... Moteur... Action! [libre]

Une vue plongeante sur un lac, parsemé de plaques de givre. Les cimes de monts immaculés de part et d'autres. Une végétation éparse, dissimulée sous une couche de neige. S'il y a bien quelque chose qui n'a pas changé en apparence dans ce monde, c'est bien cette partie des Highlands. Un charme majestueux mais glacial s'en dégage, alors que l'immobilité du paysage n'est perturbée que par quelques cris de la faune au loin. Le défilement du paysage se ralentit, puis l'image s'oriente vers le lac lui-même, alors que l'altitude décroit, pour finalement passer sous la surface de l'eau. Le cheminement reprend, explorant le fond de l'étang, croisant quelques espèces aquatiques dont la singularité interpelle le réalisateur.

vorace:

Gros plan sur un banc de « poissons », mesurant approximativement soixante-dix centimètres chacun, il doit bien y en avoir quatre ou cinq cents, nageant de conserve. Une forme sombre apparaît alors, en arrière-plan, une silhouette massive se dessine. La nuée se disperse, vraisemblablement effrayée par un de ses prédateurs naturels. Majestueux, imposant, le nouvel arrivant doit bien mesurer dix mètres de long pour autant d'envergure. Il est ainsi décidé de le nommer nargoth, pour la suite du documentaire.

nargoth:

Le massif ichtyen commence alors à avaler quelques un des retardataires, et semble parti pour faire un festin. Mais comme un seul individu, les membres du banc se rassemblent brutalement, et foncent sur le nargoth, et commencent à le dévorer de toutes parts. En quelques dizaines de secondes, ces petits carnivores finissent leur repas, ne laissant que des os couler là où se tenait quelque instants plus tôt celui qui semblait partir pour se repaître d'eux. Ceux que le caméraman décide dorénavant d'appeler voraces, au vu de leur gloutonnerie, reprennent alors leur course, comme si de rien n'était, alors que la carcasse de leur proie s'enfonce lentement dans les eaux claires du lac, pour venir reposer sur le fond, déplaçant à l'occasion limon et vase. Lesdits voraces semblent alors foncer vers l'objectif, se rapprochant à vive allure. Fin du reportage.

Et alors qu'émerge à toute vitesse de l'eau un être vert, fusant vers la surface, et poursuivi par quelques voraces qui sautent hors de l'eau pour tenter de l'attraper, on peut voir sur son visage un sourire satisfait. Doop -car il s'agit évidemment de lui- est content de lui, la scène qu'il a filmé possède une intensité certaine, et en la revisionnant il ne peut que se féliciter d'avoir su capter la splendeur du paysage, la grâce du mouvement de la nuée, l'apparente fragilité de ces petites créatures, mais également leur appétit insatiable. Et la chute, tout bonnement magnifique.

Lévitant rapidement vers les rives du lac, le muté s'élève ensuite à quelques dizaines de mètres de hauteur pour venir se poser au sommet de la seule tour encore sur pieds d'un antique château-fort, où il a décidé de passer quelques jours, le temps de se familiariser avec les environs. Il descend de raides escaliers en colimaçon, pour se retrouver dans une vaste salle, où quelques antiques meubles en bois prennent la poussière, rongés par les ans et les termites. Sans aucun effort, et sans remords, il les débite en planches, entassant les débris au centre de la salle, et régurgite un briquet, qu'il utilise pour mettre le feu au tas. Il recrache également un sac de couchage, et décide de s'y enrouler, posé non loin du feu, alors qu'il commence à jouer d'un vieil harmonica cabossé.

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Spoiler: